Les croix monumentales d'Erdeven

Avec l'aide de l'Inventaire du patrimoine culturel de la Bretagne nous avons identifié 20 croix sur la commune, ce qui est significatif de la richesse du "petit patrimoine", terme consacré par les spécialistes mais qui n'indique pas un faible intérêt. Ainsi, certaines croix en Bretagne ont été taillées ou sculptées dans des menhirs millénaires ou des stèles (lec'h) de l'âge du fer (plusieurs centaines d'années avant la colonisation romaine): on parle alors de menhirs ou stèles "christianisés". 

D'après l'étude exhaustive de Pierre Stievenart

Carte interactive

Les signes de la croix

C’est à partir du IVe siècle de notre ère que la croix devient le symbole principal du christianisme, après que l’empereur Constantin, converti, ait interdit le supplice du crucifiement (on parle de crucifixion pour Jésus). Précédemment, les chrétiens utilisaient le dessin d'un poisson stylisé pour se reconnaître.

Les premières croix sont sans représentation du Christ crucifié, image trop douloureuse et trop violente pour les premiers chrétiens. En effet dans l’empire romain, entre le Ier siècle avant JC et le Ier siècle après JC, la croix était un instrument de supplice réservé à ceux n’ayant pas le statut de citoyen romain qui sont des criminels, des esclaves, des déserteurs, des révoltés.

Le crucifiement provient probablement de Perse et d’Inde. Cette mise à mort effrayante et douloureuse était lente, par asphyxie car la position des bras écartés empêche de respirer correctement et le poids du corps pèse sur le thorax. A partir du IXe siècle, le Christ est représenté sur les croix. Au Moyen Age, elles se multiplient en France, au bord des routes, aux carrefours des voies, dans les villages et bien entendu dans les lieux de culte.

Elles comportent souvent l’inscription « INRI » initiales latines de « Jésus de Nazareth, Roi des Juifs » comme l’a affirmé Pilate. Le concile de Clermont en 1095 promulgue le caractère protecteur de la croix. Normalement, les croix sont orientées de telle sorte qu’en regardant le Christ on regarde vers l’est, vers Jérusalem.

Cela dit, la croix est un des signes les plus anciens utilisés par les civilisations. Diverses sortes de croix ont été et sont toujours utilisées, des religions aux panneaux routiers. Disons au passage que la "croix gammée" rendue infâme par les Nazis, est répandue dans l'univers des religions orientales, dont le bouddhisme, avec une signification positive de "bonne fortune" ou "bien être". Quant à la "croix de Lorraine", magnifiée par le gaullisme, elle était initialement la "croix d'Anjou": René d'Anjou -le "Bon roi René"- devient en effet duc de Lorraine en 1431.
Voir Wikipedia: https://fr.wikipedia.org/wiki/Croix
Un dénombrement participatif des croix https://www.croixbretagne.fr/Ccb/

Différentes époques et différents usages.

Les croix ont été édifiées à différentes époque -jusqu'à nos jours- et il n'est pas toujours évident de distinguer leur fonction première.

Une croix monumentale est une croix chrétienne figurée, en bois, en pierre ou en métal, isolée ou qui fait partie d'un calvaire. "Monumental" ne doit pas être pris au sens figuré: beaucoup de ces croix sont de taille modeste. La croix est longtemps restée un ornement ou un objet liturgique. Elle ne devient monumentale que vers le XIe siècle avec l'émergence de l'art roman qui favorise ce monument auprès duquel, à défaut d'église, se célèbrent les cérémonies religieuses. Les croix monumentales atteignent leur apogée au XVIe siècle. Ces structures deviennent des lieux de rassemblements pour prier lors des fêtes religieuses ou pour solliciter la grâce de Dieu contre les fléaux de tous genres (guerres, épidémies, incendies, sécheresses). L'érection de croix monumentales en France a ainsi lieu dans un processus de "recharge sacrale".

Les croix de chemins sont des croix monumentales de tailles très diverses qui sont destinées à christianiser un lieu. Elles se multiplient à partir de 1095 date à laquelle le droit d'asile est étendu aux croix de chemins qui ont alors un double rôle de guide et de protection.

Certaines croix servent de pauses pendant des processions ou des rogations où le prêtre et ses acolytes, précédés d'une croix processionnelle, s'arrêtent pour bénir les prés et les champs.

Un certain nombre d'entre elles sont aussi des croix sur la voie des morts: de la maison du défunt à l'église, le convoi funéraire s'arrêtait à toutes les croix pour réciter quelques prières et permettre une pause aux porteurs du cercueil.

Une croix de mission est un monument érigé en souvenir d'une mission de prédication spéciale qui dure plusieurs jours. Le mot « mission », récent dans le vocabulaire de l’Église (XVIe), désignait des charges confiées et un envoi, du latin mitto, « être envoyé ». Ces croix furent nombreuses à être érigées après la tourmente révolutionnaire quand l'Eglise voulut restaurer la pratique religieuse, mais beaucoup d'autres datent du XIXe siècle ou du XXe siècle. La mission se clôture par une grande procession et une croix commémorative est dressée à chaque passage d'un missionnaire.

Les «croix mémorielles» sont des témoins d'événements comme le lieu d'une mort brutale, ou au contraire d'un coup de chance. La croix a alors valeur d' ex-voto.

Existent également des "croix de peste" qui rappellent et conjurent une épidémie, ou les «croix de pèlerinage» qui le plus souvent ne marquent pas une étape sur un trajet mais rappellent le pèlerinage du donateur.

Les « croix de limites » servent de borne. Entrée et sortie des villages sont normalement pourvues d'une croix, mais toutes les limites, religieuses ou profanes, pouvaient être ainsi matérialisées.

Les "croix couvertes" sont formées d'une croix chrétienne recouverte d'un portique de bois ou de pierre.

A Erdeven

Où sont les croix de la commune? Un peu partout: dans le bourg, dans les villages, à des carrefours, ou perdues dans le paysage. On voit bien que certaines ont été déplacées et réimplantées, pas toujours avec bonheur. Si certains villages ont leur croix, d'autres n'en ont pas ou n'en ont plus, car il y a des disparitions accidentelles ou volontaires (et pas forcément vers des musées). Les références anciennes sont le plan cadastral de 1845. Les cartes IGN les signalent, mais pas toutes.

La plupart des croix d'Erdeven sont en granite, elles sont parfois sculptées mais souvent, le christ est sommairement figuré, on pourrait dire "naïvement". Les croix proprement dites sont généralement la partie supérieure d'une superposition de socles, toujours en pierre, donnant parfois au monument une allure pyramidale. Certaines sont isolées et bien en évidence, d'autres plus modestement implantées. A leur pied, on peut trouver un petit enclos ou un parterre. Reconnaissons le: ces témoignages de la foi des ancêtres ne manquent pas d'allure ni de poésie, ce sont des repères physiques autant que spirituels, et on peut regretter qu'on passe devant elles en vitesse et sans un regard. Raison de plus pour en parler, indiquer leur situation, et favoriser des visites. Toutefois, leur répartition aléatoire sur une commune de plus de 30 kilomètres carrés rend difficile un "chemin des croix". Il faut prendre son bâton de pèlerin et un bon plan (ou s'en référer aux coordonnées GPS).

Nous avons donc visité ces croix et vous en proposons une illustration avec certaines informations reprises de: patrimoine.region-bretagne.fr a consulter pour des explications détaillées mais pas forcément à jour.

Croix de Kerbernesse

La Croix-Izan

Croix de Kerminihy

Croix de Kerangré

Croix de la mission (église du bourg)

Croix de la Croix-Cordier

Croix de Kergroix

Croix de Saint-Germain

Croix de Loperhet

Croix de Kerzerho

Croix de Kerlavart

Croix de Kerfournic

Croix de Kerédo

Croix de Kervazic

Croix de Kerascouët

Les Megalithes d’Erdeven

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